Havenlon
Depuis les temps immémoriaux, le monde est plongé dans une brume orangée, mouvementée et intangible, éther infini nommé Ærium recouvrant le berceau de l’humanité. Seule l’aura bleue des cristaux de phosphorium offre des îlots de civilisation à l’intérieur de la brume ; cinq d’entre eux ont grandi au fil des siècles pour accueillir cinq villes : Stælmere, Dobbendale, Penlon Bridge, Tatchery et Windlum. Aujourd’hui ces villes n’en forment plus qu’une, chaîne aux maillons hétéroclites : la Cité-État de Havenlon, gouvernée par un conseil de technocrates avides de confort et de progrès scientifique.
Peu à peu, les savants ont créé des machines, des automates mécaniques capables d’aider les humains dans leurs travaux. Puis, le grand Théodore Sandson a inventé les engrenailes, des jeux d’hélices capables de réagir à l’ærium, et il en a équipé les automates. Quel besoin de fermiers, de mineurs ou de bûcherons quand des machines peuvent travailler gratuitement, alimentées continuellement par l’ærium ?
Voilà ce qu’est devenue la Cité de Havenlon : un coffret citadin coincé dans une fourmilière d’automates et duquel on ne peut sortir qu’au péril de sa vie. Les hauts-quartiers s’enrichissent dans le confort offert par les machines, tandis que dans les bas-quartiers, le travail vient à manquer et les consciences s’enhardissent. Ligne de cités que l’on a enchaînées ensemble, combien de temps avant que la tension l’emporte et que les maillons éclatent au son des fusils ?
Processus de création
Le monde de Havenlon a été le résultat de plusieurs idées qui se sont tournées autour jusqu’à converger au fil de la création de l’histoire. D’un côté, je voulais me réapproprier les codes steampunk pour offrir ma perspective sur les questions de luttes de classes dans une société poussée par le progrès scientifique. D’un autre côté, l’idée d’une aventure dans une brume magique remplie de dangereuses machines attisait ma curiosité. Ces deux concepts ont fusionné quand j’ai cherché à faire un parallèle avec notre monde contemporain, où les intelligences artificielles commencent à remplacer des tâches qui nécessitaient beaucoup de main d’œuvre auparavant. Ces cerveaux informatiques sont si complexes que peu de gens peuvent réellement en comprendre le fonctionnement et en prédire le comportement – un effet « boîte noire » que j’ai voulu recréer avec les automates ne fonctionnant qu’à l’intérieur de l’ærium.
Le design de la Cité de Havenlon a été intéressant à développer également. J’ai vite rejeté l’idée d’une ville « classique » ayant une forme suivant les rivières, collines et autres reliefs. Je voulais que par son plan, Havenlon paraisse « à part », séparée de la nature et de ses lois telle une expérience de laboratoire dans les mains des technocrates. J’en suis arrivé à une cité découpée en cinq quartiers pour ajouter de la nuance aux traditionnels « quartier riche contre quartier pauvre », et elle s’est insufflée de vie au fur de l’écriture.